Le péage du nouveau pont Champlain à Montréal crée un débat chez les Québécois.
Certaines autoroutes et certains ponts du Québec ont été financés avec des péages jusqu’en 1991. Ces infrastructures ont été financées directement par les taxes après 1991. Récemment, nous avons vu deux nouveaux ponts apparaitre avec péage. Celui de l’autoroute 25 reliant Montréal à Laval et celui de l’autoroute 30 à l’ouest de Montréal.
Des problèmes qui coutent cher
Le problème en gros est que les citoyens paient déjà des taxes pour les infrastructures et que le gouvernement vient leur demander encore de l’argent pour payer ces nouvelles infrastructures. Voici les problèmes plus précis que je vois par ce genre d’approche.
Hausse des taxes et du cout de la vie
Nous payons déjà un certain montant de taxes. Les gens qui utiliseront le nouveau pont Champlain devront payer leur passage en plus de payer le même montant de taxes qu’ils paient déjà. Dans l’ancien modèle, les gens payaient déjà des taxes en plus de payer leur passage. En 1991, le gouvernement a décidé d’abolir les péages et de financer les infrastructures directement par les taxes perçues. Les gens payaient davantage de taxes, mais plus aucun péage. Aujourd’hui, les gens paient un montant de taxes déjà très élevé et le gouvernement vient leur demander de payer pour passer sur certains ponts sans réduire les taxes des citoyens.
Pour le pont Olivier-Charbonneau, le cout est de 2.48 $ par passage aux heures de pointe pour les utilisateurs avec le transpondeur. Pour environ 260 passages (soit 5 jours de travail par semaine à deux passages par jour), cela fait approximativement 1290 $ par année. C’est probablement la prime d’assurance que les gens paient pour leur voiture.
Considérons le dernier exemple et ajoutons le nouveau pont Champlain. Imaginez un automobiliste traversant les deux ponts. Le cout serait de l’ordre de 2600 $ par années. Plusieurs ponts pourraient exiger un péage dans les prochaines années au fur et à mesure qu’ils seront remplacés. Il n’est pas rare dans la région de Montréal qu’un automobiliste traverse deux ponts pour se rendre au travail. Avec des couts comme ceux-là, les automobilistes payeront l’équivalent d’une autre prime d’assurance, leur automobile une deuxième fois ou même les deux!
Dans quelques années, un automobiliste qui part de Laval pourrait traverser le Pont Olivier-Charbonneau (entre Laval et Montréal) et le futur pont Champlain (entre Montréal et Brossard) à un cout similaire que le carburant que le trajet demandera (même avec le transpondeur).
Couts de gestion supplémentaires
Les infrastructures de péages engendrent des couts supplémentaires pour percevoir l’argent. En plus de payer un pont ou une autoroute, les citoyens doivent payer la gestion des infrastructures. Ces couts de gestion pourraient être évités si le gouvernement gérait directement les couts par les taxes.
Pour un pont ou deux à l’échelle provincial, ça ne fera probablement pas des couts de gestion très élevés, mais imaginez que chaque pont et autoroute de la province demande un péage. Ça fait beaucoup de gestion et de couts inutiles pour percevoir l’argent directement de la poche des automobilistes.
Complexité pour les citoyens
Le fait d’ajouter des postes de péage et transpondeurs pour percevoir l’argent des automobilistes crée une complexité pour ceux-ci. Cela leur requiert du temps supplémentaire qui pourrait être évité si le gouvernement percevait directement les taxes requises dans les taxes globales.
Prenons un exemple concret. Le nouveau pont Olivier-Charbonneau de l’Autoroute 25 demande un péage depuis sa construction en 2011. Les utilisateurs peuvent le traverser à un cout de passage plus élevé sans transpondeur. Le cout plus élevé comprend des frais de gestion. Pour les utilisateurs réguliers, l’acquisition d’un transpondeur électronique permet d’enregistrer les passages à un cout plus bas.
Le transpondeur n’est pas mauvais en soi, mais imaginez le trouble pour les automobilistes qui devront traverser plusieurs ponts. Ils auront besoin d’un transpondeur pour chaque pont!
De plus, cela pénalise les gens de l’extérieur qui viennent dans la région de Montréal en automobile. Fort probable que les gens en visite dans la région ne prendront pas de transpondeur et paieront le prix maximal. Cela crée des couts supplémentaires considérables.
Qui bénéficie réellement du péage?
Il y a un principe où les gens paient des taxes au gouvernement pour développer les infrastructures. C’est un bien collectif. Habituellement, nous ne payons pas individuellement pour chaque segment de route que nous utilisons. Les gens ont accepté l’idée que nous payons des taxes d’une façon générale pour gérer les infrastructures (incluant plusieurs services publics) avec ces taxes.
Notre modèle actuel comprend deux modes de paiement pour les infrastructures : payer individuellement chaque infrastructure et payer globalement pour l’ensemble des infrastructures. Nos taxes paient la majorité des sections de route. Seulement une minorité de sections est privée et exige un péage.
Nous pouvons nous demander s’il réellement mieux d’avoir certaines routes entretenues par le secteur privé. Est-ce que la population obtient le maximum de son argent avec ce modèle? Certaines personnes pensent que les routes sont mieux entretenues par le secteur privé.
De plus, posons-nous la question : pourquoi payer pour les ponts et non les boulevards? Selon moi, il y a deux raisons. Premièrement, les ponts sont parmi les infrastructures les plus chères. Le gouvernement qui est endetté et incapable de payer pour les nouveaux ponts et c’est pourquoi il instaure des péages. Deuxièmement, les ponts sont des accès très restreints. Si un automobiliste veut contourner un pont, les alternatives sont relativement loin. Contrairement aux boulevards et routes secondaires, les ponts représentent des accès avec peu ou sans autre possibilité. Ça devient plus facile de faire payer le citoyen.
Conclusion
Tout cela me porte à penser que le gouvernement instaure un système de péage pour être capable de payer les nouveaux ponts parce qu’il n’a pas les moyens financiers pour les construire. Plusieurs ponts sont déjà dans un état lamentable avec des couts d’entretien très élevés. D’une façon ou d’une autre, nous allons payer pour les ponts. La grande différence est que nous allons payer pour la gestion en plus de payer pour les ponts.
Imaginez que tous les ponts de la région de Montréal demandent un péage. Une personne pourrait facilement traverser trois ponts (de la Rive-Nord vers la Rive-Sud) aller-retour et cela pourrait couter environ 14 $ de péage en plus du carburant.
Le financement des infrastructures semble avoir fonctionné pendant plusieurs années sans péage (depuis 1991). Aujourd’hui, nous sommes en train de revenir à l’ancien modèle avec des couts supplémentaires. En faisant le calcule comme ci-dessus, nous pouvons constater l’ampleur des couts qui peut être comparable à payer son carburant, sa prime d’assurance ou son véhicule une deuxième fois. Ceci pourrait représenter un cout démesuré dans les années à venir pour l’ensemble des automobilistes.
Trouvez-vous injuste de payer pour chaque passage? Généralement, pensez-vous que les péages vont améliorer votre vie?